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Ils ont mal appris et ils n’ont pas appris les meilleures choses, tout trop tôt et tout trop vite : ils ont mal mangé, c’est ainsi qu’ils se sont gâté l’estomac, —

— car leur esprit est un estomac gâté : c’est lui qui conseille la mort ! Car, en vérité, mes frères, l’esprit est un estomac !

La vie est une source de joie : mais pour celui qui laisse parler son estomac gâté, le père de la tristesse, toutes les sources sont empoisonnées.

Connaître : c’est une joie pour celui qui a la volonté du lion. Mais celui qui s’est fatigué n’est que « voulu » lui-même, toutes les vagues jouent avec lui.

Et c’est ainsi que font tous les hommes faibles : ils se perdent sur leurs chemins. Et leur lassitude finit par demander : « Pourquoi avons-nous jamais suivi ce chemin ? Tout est égal ! »

C’est à eux qu’il est agréable d’entendre prêcher : « Rien ne vaut la peine ! Vous ne devez pas vouloir ! » Ceci cependant est un appel à la servilité.

Ô mes frères ! Zarathoustra arrive comme un coup de vent frais pour tous ceux qui sont fatigués de leur chemin ; il fera éternuer encore bien des nez !

Mon haleine libre souffle aussi à travers les murs, dans les prisons et dans les esprits prisonniers !

La volonté délivre : car la volonté est créatrice ; c’est là ce que j’enseigne. Et ce n’est que pour créer qu’il vous faut apprendre !

Et c’est aussi de moi seulement qu’il vous faut apprendre à apprendre, à bien apprendre ! — Que celui qui a des oreilles entende.


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