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J’aime bien en lui l’échine du taureau : mais maintenant j’aimerais voir aussi le regard de l’ange.

Il faut aussi qu’il désapprenne sa volonté de héros : il doit être pour moi un homme élevé et non un sublime seulement : — l’éther même devrait le soulever, cet homme sans volonté !

Il a vaincu des monstres, il a deviné des énigmes : mais il lui faudrait sauver aussi ses monstres et ses énigmes ; il faudrait qu’il les transforme en enfants divins.

Sa connaissance n’a pas encore appris à sourire et à être sans jalousie ; son flot de passion ne s’est pas encore calmé dans la beauté.

En vérité, ce n’est pas dans la satiété que son désir doit se taire et sombrer, mais dans la beauté. La grâce fait partie de la générosité de ceux qui ont la pensée élevée.

Le bras passé sur la tête : c’est ainsi que le héros devrait se reposer, c’est ainsi qu’il devrait encore surmonter son repos.

Mais c’est pour le héros que la beauté est la chose la plus difficile. La beauté est insaisissable pour tout être violent.

Un peu plus, un peu moins, ce peu est beaucoup, c’est même l’essentiel.

Rester les muscles inactifs et la volonté déchargée : c’est ce qu’il y a de plus difficile pour vous autres hommes sublimes.

Quand la puissance se fait clémente, quand elle descend dans le visible : j’appelle beauté une telle condescendance.