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victoire, le commandeur avait déjà lancé plusieurs mots offensants sur l’impossibilité de confier les rênes d’un gouvernement stable à des hommes nés dans une basse classe, lorsque, se levant avec impatience, Bonaparte lui dit :

— Cet avis n’était pas certainement celui de mademoiselle votre mère.



XL


L’heure de se rendre sur la terrasse de Stephania était déjà sonnée, et mon maître ne pensait pas à quitter la chambre de M. de Verseuil ; mais on défendait au général de veiller : Athénais avait aussi besoin de repos, et Gustave fut contraint de se retirer avec le major. Après avoir installé celui-ci dans son appartement, il prit tristement l’allée qui conduisait à la terrasse, et probablement les réflexions qui le tourmentaient alors se peignirent sur son visage ; car il fut accueilli par ces mots :

— Ah ! mon Dieu, qu’avez-vous donc ? vous est-il arrivé un malheur ?

— Non, vraiment. Quelle idée ! répondit Gustave en s’efforçant de sourire.

— Je devine, répliqua vivement Stephania ; vous allez partir ?

— Je ne le crois pas ; nous n’avons encore reçu aucun ordre.

— Alors pourquoi cet air si triste ?

— Je ne savais pas l’avoir, et j’espère que vous l’imaginez.

— Non, Gustave, je n’imagine pas ; mais je ressens tout ce que vous éprouvez, et mon cœur ne se trompera jamais sur les agitations du vôtre. Vous avez depuis ce soir quelque ennui secret.

— Eh bien, si cela est, laissez à votre présence le soin d’en triompher, et chantez-nous de ces délicieux nocturnes qui plongent l’âme dans une si douce rêverie. Votre voix me fera du bien.