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— Qui, lui, l’empereur ? demanda M. de Maizières.

— Non, reprit Ermance, honteuse de l’exclamation qu’elle avait faite ; regardez cet homme à cheval : n’est-ce pas Étienne, le domestique de M. de Lorency ?

— C’est lui-même ! répondit Ferdinand, mais je n’aperçois point Adhémar !

— Allons savoir quelle nouvelle il nous apporte, dit M. Brenneval. Et tous trois se dirigèrent du côté de l’avenue. Étienne descendit de cheval, pour remettre une lettre à M. Brenneval, et une autre à madame de Lorency.

— Il craint de ne pouvoir revenir ici de la journée, dit M. Brenneval en lisant le billet de son gendre. Il attend des ordres qui peuvent lui enjoindre de partir sur l’heure, c’est bien contrariant. Je vais savoir ce qui en est, et lui dire au moins adieu s’il faut qu’on nous le laisse si peu de temps. Veux-tu que je t’emmène avec moi ? ajouta M. Brenneval en croyant que sa fille était encore là. Mais M. de Manières lui apprit qu’elle était rentrée au château, en emportant la lettre d’Adhémar.

En effet, Ermance, craignant de montrer son émotion en lisant cette lettre, s’était renfermée dans sa chambre pour la décacheter. Voici ce qu’elle contenait :

« Je ne saurais être heureux d’un bonheur qui vous coûte tant de larmes. Méritée ou non, je renonce à vaincre l’aversion que votre douceur, votre résignation ne parviennent pas à dissimuler ; je renonce à user des droits que je ne tiens point de votre affection. Mais si trop de fierté m’abuse, si ce chagrin muet doit céder à mes soins, confiez-m’en la cause, donnez-moi l’espérance de vous en consoler. Enfin, dites un mot, Ermance, et je retourne près de vous, le cœur plein de reconnaissance et de joie. Sinon, je repars sans vous voir.

» Adhémar. »

Immobile, les regards attachés sur cette lettre qu’elle relit sans cesse, comme pour y chercher le courage de n’y point répondre, de livrer Adhémar au ressentiment de se voir dé-