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— Pardon, ma chère tante, répondit en souriant Adhémar, mais voilà une question fort indiscrète.

— Eh bien, si tu crains de te compromettre, j’y répondrai pour toi, dit Ferdinand. On disait hier, chez M. de T…, qu’avant de répudier sa femme pour fonder sa dynastie, il fallait bien savoir s’il était capable de perpétuer sa race, et la belle madame *** a été choisie pour lever les doutes à cet égard. Il paraît que le succès a couronné l’épreuve, et que l’enfant né sous la tente nous en promet un qui naîtra sur le trône.

— Quel beau jour ce sera pour la France ! s’écria M. RObergeon.

— Et quelle belle occasion de faire des couplets ! dit M. Brenneval en s’adressant à M. Fonteny.

— Des couplets ! reprit M. de Maizières ; dites donc des odes, des hymnes, sans compter les comédies, les vaudevilles d’appartement. Croyez-moi, monsieur Fonteny, faites le vôtre d’avance, ce sera de l’or en portefeuille ; car, il faut être juste, à cette cour les flatteries sont bien payées.

— Je ne saurais chanter le malheur de notre bonne Joséphine, répondit M. Fonteny ; j’ai trop souvent chanté sa gloire comme femme du plus grand souverain de la terre ; j’ai trop répété de fois qu’elle seule pouvait le rendre heureux.

— Beau scrupule ! dit Ferdinand. Pourquoi voulez-vous être plus fidèle que son mari ?

— C’est donc une chose décidée que ce divorce ? demanda madame de Cernan.

— On n’en doute pas à l’armée, répondit Adhémar, et chacun le blâme ou le justifie en raison de ses intérêts.

— La raison d’État l’exige, reprit M. Robergeon, et, d’un autre côté, je ne vois pas pourquoi l’empereur serait plus tenu qu’un autre mari à garder une femme qu’il sait fort bien l’avoir trompé.

Ici Ermance fit un mouvement involontaire. Craignant qu’il n’eût été remarqué :

— Cependant elle l’aime, dit-elle avec l’accent de la pitié.