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Une émotion indéfinissable s’empara d’Adhémar.

— Si nous la faisions prévenir ? dit-il. Peut-être…

— Non, non, interrompit M. Brenneval, de semblables surprises ne font jamais de mal. Et d’ailleurs vous n’êtes point de ces maris qu’il est prudent d’annoncer. Tenez, on la voit d’ici ; elle lit près de la fenêtre : approchez-vous doucement.

Alors une ombre subite couvre la page du livre que tient Ermance ; elle veut voir ce qui produit ce changement dans la lumière ; elle se retourne… aperçoit Adhémar et, se croyant frappée d’une vision, elle referme les yeux, et sa tête retombe presque inanimée.

— Elle se trouve mal ! s’écrie Adhémar en se précipitant dans le salon.

Et il transporte Ermance sur un canapé, la serre sur son cœur, l’appelle des plus doux noms, tandis que M. Brenneval rassemble toutes les femmes de la maison pour venir au secours de sa fille. Il se désole, il s’accuse de l’imprudence qu’il a commise, ce qui n’empêche pas Adhémar de la lui reprocher. Enfin quelques gouttes d’éther raniment Ermance, de grosses larmes s’échappent de ses yeux ; elle ne peut parler, mais un sourire plein de reconnaissance exprime à Adhémar combien elle est touchée de son inquiétude.

— Pardonne lui de t’avoir causé cette surprise, dit M. Brenneval ; c’est ma faute. Je ne savais pas que la joie de le revoir pût faire tant de mal.

— Hélas ! ni moi non plus, reprit Adhémar du ton le plus modeste ; mais vous êtes mieux, n’est-ce pas ?

— Oui… bien mieux… répondit Ermance sans pouvoir arrêter ses larmes.

— Comme elle est pâle encore !

— Ah ! je vous ai prévenu que cette maudite fièvre, dont elle a eu de fréquens retours, l’avait un peu changée.

— Puisque les eaux d’Aix-la-Chapelle vous étaient contraires, pourquoi y être restée si longtemps ? reprit M. de Lorency.

À ces mots un profond soupir s’échappa du sein d’Ermance ;