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pour venir à son secours les jours de pertes au creps, et plus encore pour se parer à tous les yeux d’un ami honorable. M. de Lorency a besoin de M. de Maizières, parce qu’il l’amuse. Cela suffit pour fonder une liaison éternelle.

— Nous verrons s’il l’amusera toujours autant, répliqua madame de S…, lorsqu’il aura perverti madame de Lorency avec la belle morale qu’il prêche aux jeune femmes.

— Quoi ! vous pensez qu’il voudrait séduire la femme de son ami ? quelle horreur !

— Non, vraiment, c’est trop vulgaire, et il a plus de distinction dans le vice. En fait de corruption, il travaille plus contre les autres que pour lui ; mais il aime à être pour quelque chose dans la vie des gens qu’il voit souvent, et il en complique l’action, comme les auteurs dramatiques, pour le simple plaisir des spectateurs. Désolé de n’être qu’un gentillâtre de province, il s’accroche à tous les débris de l’ancienne aristocratie, et fait de l’opposition en ne flattant qu’un ministre ; jouant gros jeu, dépensant plus qu’il n’a, on ne sait où il prend l’argent qu’il prodigue, à moins qu’il ne l’emprunte à tous les gens dont il médit ; enfin vous conviendrez qu’un tel homme devrait être exclu de toutes les maisons où il y a du repos, de l’honneur et de la fortune à garder.

Le départ de l’impératrice mit fin à cette conversation. Elle se retirait ce soir là plus tôt qu’à son ordinaire. Il était facile de voir à son visage, à ses yeux encore gonflés de larmes, à l’abattement de la reine Hortense surtout, qu’elles avaient eu à supporter toutes deux des scènes de famille où l’abandon de Joséphine avait été faiblement nié par l’empereur. À peine furent-elles retirées que tout le cercle se divisa en petits groupes, où chacun se demandait : « À quand le divorce ? » Cependant la résolution n’en fut déclarée que six mois après ; mais le parti qui portait l’empereur à cet acte ambitieux gardait mal le secret de ses espérances. La nouvelle guerre qu’on se disposait à faire à l’Autriche, ne le déconcertait point ; il savait que les souverains de l’Europe se disputaient l’honneur d’avoir Napoléon pour gendre.

— Au fait, disaient les plus vieux courtisans, sa dynastie