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— Il est vrai ! dit Ermance ; mais si l’on m’avait donné le choix d’un de ces deux malheurs j’aurais pris l’autre.

Cet entretien avait lieu pendant que la mariée changeait de robe et se disposait à partir pour la campagne.

On vint l’avertir que les voitures étaient prêtes, et que tout le monde était réuni dans le salon pour dire adieu à la mariée, la plupart des personnes qui se trouvaient à la messe ne devant pas l’accompagner au château de Nanteil, où l’on allait achever la journée.

À peine Ermance est-elle entrée dans le salon qu’une femme vient l’embrasser tendrement ; c’est la duchesse d’Alvano ; elle la comble de flatteries, d’amitié, et parle si vite et si haut qu’elle a l’air de réciter un rôle ; il y a dans tous ses mouvements une agitation qui décèle une sorte de fièvre. Son visage est contracté, et le rouge qu’elle a mis, contre son habitude, rend l’altération de ses traits plus frappante. Elle se désole de ne pouvoir partager les plaisirs de ce beau jour ; mais son service la retient auprès de l’impératrice, elle ne peut se rendre à Nanteil de huit jours ; d’ici là elle conjure Ermance de lui donner de ses nouvelles, et veut qu’elle la regarde désormais comme sa plus tendre amie.

Étourdie de ce bavardage sentimental, Ermance y répond d’abord gauchement ; puis, craignant d’être ingrate, elle s’efforce d’y paraître sensible, et s’engage à donner à la duchesse d’Alvano des preuves de son souvenir. Pour mettre fin à ces adieux, qui ne se prolongeaient que pour donner à M. de Lorency le temps de lire dans les yeux d’Euphrasie ses regrets et son espoir, le président de Montvilliers vint prendre la main de sa nièce et la conduisit jusqu’à sa voiture : madame de Cernan, Adhémar et lui y montèrent.

M. Brenneval, qui les avait devancés à Nanteil, les reçut avec toute la pompe d’une fête ; le parc était rempli de villageois attirés par des jeux de toute espèce, des buffets, des danses, des loteries où tous les malheureux gagnaient. Quelques coups de fusil ayant annoncé l’arrivée des mariés, la foule se précipita sur leur passage ; de jeunes filles vinrent