Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/266

Cette page n’a pas encore été corrigée

tard, à en juger par le roulement des voitures, qui n’a cessé qu’au jour.

— Ce n’était pas seulement celles-là que madame aura entendues ?

— Et qu’elle autre, donc ?

— Mais la calèche de monsieur, par exemple, et ce coquin d’Ambroise qui faisait un train du diable pour faire lever le concierge, malgré la recommandation que monsieur lui avait faite de prendre garde à ne pas réveiller madame.

— M. de Lorency est arrivé, dites-vous ? Il est ici ? s’écria Ermance avec un sentiment de joie que mademoiselle Rosalie trouva fort naturel.

— Oui, madame ; Francisque lui a parlé ; c’est à lui qu’il a demandé des nouvelles de madame.

— Il a demandé de mes nouvelles ? répéta Ermance avec un étonnement qui devait paraître étrange. Puis, s’apercevant de l’inconvenance de sa question, elle se hâta d’ajouter : Pourquoi lui avoir obéi, et n’être pas entrée chez moi pour m’apprendre…

— Monsieur avait défendu expressément qu’on m’avertît, et je vous avoue, madame, que je n’ai rien entendu ; c’est ce matin seulement que j’ai appris, par la bonne du petit, le retour de monsieur.

En parlant ainsi, mademoiselle Rosalie aidait sa maîtresse à s’habiller : dès qu’elle fut prête, elle passa dans son petit salon, décidée à attendre avec courage le parti qu’Adhémar prendrait avec elle, et à ne point chercher à le rencontrer chez son oncle. L’idée du malheur qu’elle redoutait le plus lui donnait tant de force contre les dédains et la colère d’Adhémar ! Qu’était-ce à supporter en comparaison d’une séparation éclatante, éternelle ? Il était là, il habitait encore sous le même toit avec elle ; c’était plus qu’elle n’avait osé espérer, et, pour obtenir ce seul avantage, elle consentait à la perte de tout ce que son amour avait ambitionné.

Elle méditait, depuis plusieurs heures, sur ce retour, lorsqu’Adhémar entra, s’informa des nouvelles de sa santé, et lui parla, comme s’il l’avait vue la veille, du plaisir qu’il avait