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de la petite cour dont chaque nouvelle duchesse aimait à s’entourer. Ces sortes de confidentes que quelques personnes nommaient dames d’hôtel, en les voyant parodier la dame du palais auprès de laquelle elles étaient de service, ces amies subalternes étaient toujours parées, bien portantes, de bonne humeur, toujours disposées à suivre ou à attendre, blâmant ou louant à volonté, écoutant sans oser interrompre, ne doutant jamais de la vérité d’un amour quelconque, voyant dans chaque homme une victime des attraits de leur dame suzeraine, et n’exigeant, pour prix d’une telle condescendance, que le mince avantage d’une place dans sa loge les mauvais jours d’opéra, ou l’honneur de l’accompagner chez son peintre ou chez sa marchande de modes. En retour, la dame cherchait à reconnaître un si beau dévouement par une foule de petites faveurs sans conséquence, tels que des billets pour le spectacle de la cour, la messe en musique de la chapelle impériale, les grandes revues et les bals de l’archichancelier.

Madame Ludelbourg remplissait auprès de la duchesse d’Alvano une de ces places dont la tradition commence à se perdre, et c’est à elle que la duchesse adressait ces remarques critiques, ces sourires malins qui ont l’air de faire suite à une histoire connue ; elle chuchotait avec elle depuis un quart d’heure en regardant alternativement M. de Lorency, Ermance, ou son enfant, l’orsqu’on vint l’avertir que l’impératrice allait sortir de son appartement. Alors elle s’éloigna pour aller prendre son rang parmi les dames de la suite.

La voix d’un huissier ayant fait retentir la salle de ce mot ; l’empereur, chacun se leva, il se fit un profond silence, seulement interrompu par les choses gracieuses que l’empereur adressait à quelques personnes : madame de Lorency était de ce nombre, niais l’état d’anxiété où elle se trouvait lui permit à peine d’y répondre.

Le peu de frais que faisait Marie-Louise pour les personnes de sa cour, sa timidité à s’exprimer dans une langue qui n’était pas la sienne, engageait l’empereur à plus de soins envers les femmes habituées à l’affectueuse politesse de l’impératrice Joséphine, et l’on s’apercevait, que depuis son second mariage