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mar. M. de Montvilliers, qui le considérait, dit d’un air résigné :

— Que voulez-vous ? ce sont de ces malheurs contre lesquels on ne peut rien, et qu’il faut supporter avec courage ; il n’y a de vraiment à plaindre que la pauvre mère ; mais le ciel l’épargnera peut-être, il ne saurait mieux placer un miracle.

Pendant que le président parlait ainsi, Mélanie apprenait au docteur que c’était M. de Lorency devant lequel il venait de prononcer si franchement la condamnation du petit Léon. Le docteur, habitué à lancer ses arrêts sans plus de ménagements, ne tenta pas même d’adoucir l’effet de celui-ci ; mais il se confondit en excuses sur ce qu’il n’avait point encore salué M. de Lorency et l’accabla de politesses. Bientôt après, il sortit en promettant à M. de Montvilliers de se charger de sa commission près du baron Godeau.

— Je ne savais comment divertir notre ami Ferdinand, dit le président, et j’ai imaginé de lui donner à dîner avec notre joyeux sous-préfet : c’est un petit proverbe vivant qui ne manque pas de comique. D’ailleurs, je suis bien aise de me faire honneur de vous devant lui, un écuyer de l’empereur ! Vraiment, voilà de quoi me mettre en odeur de sainteté impériale près de mon surveillant pendant une année entière ! Allons, ma chère Mélanie, ajouta-t-il, je recommande à vos soins nos aimables hôtes ; je vous préviens que j’ai invité aussi quelques-uns de nos voisins hier à la comédie, et que je veux leur donner un bon dîner.

C’était offrir à Mélanie l’occasion de faire valoir toutes ses facultés, et l’ordre de préparer le siége d’une ville n’aurait pas mieux stimulé le zèle d’un général d’armée ; elle fit rassembler son conseil domestique et le grand intérêt du dîner et des arrangements de la journée fut discuté et décidé dans un ordre parfait.

En sortant de chez le président, Geneviève était allée, selon sa coutume, porter le petit Léon à sa mère, et lui dire, à peu près le contraire de ce qu’avait déclaré le docteur, sans oublier les compliments que M. de Lorency lui avait adressés