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GERMAIN.

Pourquoi pas ? le sommeil vient bien en lisant. Depuis que vous m’avez appris à lire je dors deux fois plus.

SIMON.

C’est que tu n’es pas encore assez fort pour t’enflammer à la vue d’un livre. Il faut avoir vécu dans les lettres comme moi ; je dis plus, il faut avoir servi un auteur, un académicien, peut-être, pour savoir ce que c’est que de s’amuser du génie ; mais tu ne veux pas devenir maître d’école, ainsi tu n’as pas besoin d’en savoir autant. Viens-tu prendre ta leçon ?

GERMAIN.

Ah bien ! oui, ma leçon ! est-ce qu’on peut se livrer à la moindre étude sérieuse avec un jeune maître amoureux ? pendant que je fais des jambages avec vous, monsieur Saint-Elme écrit de grandes lettres, qu’il me faut porter à trois lieues d’ici, au risque d’en revenir mort de fatigue.

SIMON.

C’est dommage, tu commençais à faire des progrès.

GERMAIN.

Eh bien ! quand je parle à mon maître du tort que ces courses-là font à mon éducation littéraire, il se moque de moi, et prétend que le talent de bien courir me rapportera toujours plus que celui de bien écrire.

SIMON.

Propos de jeune étourdi. Simon n’est-il pas là pour le démentir ? Je ne suis pas riche, il est vrai, mais ma