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voirs et mes sentiments. L’amour-propre, la jalousie, la tendre pitié que me faisaient éprouver les chagrins d’Alfred, la reconnaissance de l’amour qu’il ressentait pour moi, tout me persuadait que je l’aimais passionnément, et j’étais de la meilleure foi possible en assurant Eugénie que je pourrais supporter tous les malheurs plutôt que de renoncer à l’amour d’Alfred.

De retour chez mon père, j’y trouvai madame de Nelfort à qui je montrai la lettre de son fils en me plaignant de son imprudence ; elle la désapprouva autant que moi, me promit de l’en bien gronder, et me pria de la laisser ignorer à mon père.

— Ce pauvre Alfred est bien assez à plaindre, ajouta-t-elle, le ministre vient de lui signifier l’ordre de se rendre sous trois jours à son régiment ; la guerre recommence et peut être va-t-il partir sans avoir obtenu le pardon de son oncle.

En effet nous apprîmes, le surlendemain, qu’Alfred était libre. Il fit demander à mon père la permission de lui faire ses adieux, mais M. de Montbreuse lui fit répondre qu’il ne le recevrait qu’au retour de la cam-