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perdis avec leur présence tous les moyens de soutenir mon rôle. Madame de Nelfort s’aperçut de mon abattement, et me proposa de me reconduire. Ma pâleur lui parut être la suite des fatigues du bal, et je la quittai sans qu’elle eût le moindre soupçon de ce qui venait de se passer. Elle n’ignorait point la passion d’Alfred, mais sa délicatesse et la crainte de ne pas voir cet amour approuvé par mon père, l’avaient toujours empêchée de m’en parler. Sans flatter les espérances de son fils, elle les partageait, et l’idée d’une union qu’elle trouvait si bien assortie, la comblait de joie ; mais la fortune de son frère, l’ambition qu’elle lui supposait et la sévérité qu’elle lui connaissait, lui imposaient silence. Elle attendait tout de l’amabilité d’Alfred, de sa persévérance, de l’intérêt qu’il m’inspirait déjà et de la tendresse d’un père qui semblait ne vouloir contrarier aucun de mes désirs.