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le tapis, auprès de cette même fenêtre où je l’avais vu pour la dernière fois.

J’eus honte de succomber ainsi à ma faiblesse, et je me promis de dévorer mes larmes ; c’est dans cette occasion que j’appris tout ce qu’une femme courageuse peut obtenir de sa force quand elle est appuyée sur un grand sentiment.

Je pouvais à peine me soutenir ; épuisée par de longues veilles, ma santé était fort altérée, et je puis affirmer que la seule volonté de cacher mes souffrances à mon père me donna la puissance de les surmonter. Ne me sentant pas en état de soutenir aucune conversation, même avec mon Eugénie, que je ne voulais ni instruire, ni tromper sur ce que j’éprouvais, je ne me rendis au déjeuner qu’au moment où l’on se mettait à table. En entrant, j’entendis madame de Ravenay qui disait d’une voix émue à mon père :

Il est parti cette nuit en me priant de l’excuser auprès de vous, monsieur le comte ; un ordre du roi l’oblige à se rendre à Versailles.