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me prosterner au pied de ce lit funèbre, témoin des derniers soupirs de ma mère, et je vais tomber au pied d’un autel consacré à la vierge.

Cette chambre de deuil avait été changée en une magnifique chapelle ; les colonnes qui la décoraient autrefois soutenaient un dais richement orné. D’un côté du maître autel, on voyait une petite chapelle érigée à sainte Sophie ; un grand tableau en garnissait Le fond, et représentait sainte Sophie avec la palme du martyre.

En apercevant ce tableau, Suzette fit un cri et se prosterna, comme si l’ombre de ma mère lui eût apparu. Je reconnus ces traits encore gravés dans ma mémoire, et j’oubliai, devant l’image de cette mère infortunée, qu’il fût d’autres malheurs pour moi que celui de l’avoir perdue.

Le bruit des voix qui se rapprochaient nous tira du recueillement religieux où nous étions plongées. Je me levai plus calme et me dit en contemplant cet autel :

— C’est ici que l’on cesse de souffrir.