Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/278

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ah ! mon père, ne l’accablez pas, interrompis-je en pleurant, il est au désespoir ; ne soyez pas plus sévère que moi, faites grâce à son repentir.

L’effet de cette réponse sur M. de Montbreuse fut si subit qu’il en parut anéanti. Je vis, à l’altération de son visage, que je venais de briser son cœur en détruisant son unique espérance, et, pour la première fois, je conçus l’idée que nous formions en secret le même vœu pour ma félicité. À quels regrets déchirants cette pensée livrait mon âme ! mon courage en était ébranlé, je succombais à ma douleur, et j’allais peut-être en révéler la cause, mais mon père, reprenant son air grave, me dit d’un ton froidement irrité :

— Vous avez donc pardonné ?

— J’ai plus fait, répondis-je en voulant imiter le sang-froid de mon père, j’ai promis d’oublier tout, excepté mes premiers serments.

— Et vous croyez cette promesse irrévocable ?

— Comme votre parole, mon père.

— Eh bien, répliqua-t-il en se levant, terminons au plus tôt… il est inutile de prolonger l’état pénible où