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la pénétration de madame d’Aimery, elle lui témoigna cette espèce d’intérêt qu’on éprouve ordinairement pour la victime d’une passion malheureuse ; elle s’établit sa confidente, traita son amour insensé avec tant de gravité qu’elle en doubla l’importance aux yeux d’Eugène. Dans ses fréquents entretiens avec lui, elle lui persuada que la jalousie étant la passion dominante de madame de Montbreuse, il pouvait toujours espérer quelque chose d’un moment de dépit, et que c’était peut-être un service à rendre à Sophie que de chercher à la distraire des chagrins que je ne cessais de lui causer.

» Enfin, sa perfidie aliéna tellement l’esprit de ce jeune homme qu’elle parvint à le rendre coupable de la plus infâme action.

» Profitant d’une absence que je fis à la fin de l’automne, et d’un moment où madame d’Aimery était au milieu de sa cour à Champfleury, Eugène, encouragé par ses mauvais conseils, osa déclarer son amour à madame de Montbreuse. Elle crut d’abord devoir le traiter comme un enfant qui déraisonne, et lui recom-