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près de mon père s’écriaient, feignant de ne pas l’apercevoir :

— Elle est charmante, ce sera dans deux ans la plus belle femme de la cour.

Ces éloges me flattaient bien un peu, mais je n’étais pas dupe de leur exagération ; j’y lisais trop visiblement le désir de plaire au maître de la maison. Les caresses de ma tante, ses vives démonstrations me plaisaient bien davantage. Retirée dans ses terres depuis deux ans, elle n’était point venue à Paris, et je la revoyais pour la première fois. Rien n’égalait sa joie de me voir aussi grandie, embellie ; elle ne parlait de moi que par exclamations, et je commençais à en être fort embarrassée quand M. de Montbreuse s’approchant d’elle, lui dit avec ironie :

— Que vous a fait, ma sœur, cette pauvre Léonie pour la louer vive aussi longtemps ? Vraiment, si je ne connaissais pas votre aveuglement pour tout ce que vous aimez, je vous croirais perfide.

J’étais importunée de l’enthousiasme de madame de Nelfort, je fus blessée de l’observation de mon père, et