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vantage, car le sort de mon beau-frère me semblait encore digne d’envie ; il jouissait d’une grande fortune et d’une réputation trop bien établie pour ne pas résister aux insinuations de la calomnie ; d’ailleurs le temps où il triompherait de ses ennemis ne me paraissait pas devoir être éloigné. Je lui en parlais souvent comme d’une espérance certaine ; mais, loin de la partager, il répétait sans cesse qu’un homme d’honneur ne pouvait vivre sous le poids d’un soupçon flétrissant, et qu’il fallait mourir le jour où, après avoir servi vingt années son pays et son roi, on se voyait traité comme le plus vil des ennemis de l’État.

» Une lettre du prince de C*** vint mettre le comble au découragement du duc de Clarencey. Il lui mandait que le roi, plus irrité que jamais contre lui, avait parlé en plein conseil de le faire enfermer à la Bastille pour le punir des propos indiscrets qu’on lui prêtait depuis son exil.

La lecture de cette lettre frappa mortellement mon malheureux frère ; il croyait voir à chaque instant entrer chez lui le porteur de l’ordre du roi qui devait