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les fois que je les ai rencontrés. Notre liaison se borne là.

— Cela ne me paraît pas assez intime pour vous autoriser à aller tout d’un coup demander la main de leur fille, et je pense qu’il faut avant de s’engager à rien consulter M. de Varèze : la confidence lui est acquise de droit, puisqu’il est l’arbitre de cette grande affaire ; et j’ai envie de le prier de venir me voir pour en causer avec lui.

— Oui envoyez chez lui, dit vivement Mathilde.

Et elle se leva pour apporter à sa tante tout ce qu’il fallait pour écrire.

— Je regrette, reprit la baronne en cachetant son billet, de ne vous avoir pas parlé de ce projet hier, mais le duel d’Isidore m’occupait tout entière, et j’ai oublié ce que son père m’avait dit la veille. Eh bien, sait-on qui M. de Marigny extermine à sa place ?

— Vous allez bientôt l’apprendre, répondit Mathilde en remettant le billet au valet de chambre de la baronne.

— Quoi ! serait-ce Albéric ?

— On le dit, prononça tout bas la duchesse.

— Je n’en serais pas étonnée, car je ne l’ai jamais vu plus aimable qu’hier, et je reconnais là sa coquetterie et son adresse à cacher les intérêts les plus sérieux sous la gaieté la plus naturelle. Il sait combien les femmes savent gré de cette charmante insouciance, et ce que l’on gagne à leur laisser croire que leur pré-