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— Eh bien, je parie l’avoir deviné, reprit madame de Méran, mais je ne veux le nommer qu’à Mathilde.

— Je ne pense pas que cela soit d’aucun intérêt pour madame, dit en se levant M. de Varèze, et vous feriez mieux de nous apprendre le sort du ballet nouveau.

— Cela ne pouvait manquer de se terminer ainsi, ajouta la vicomtesse après avoir dit quelques mots à l’oreille de sa cousine.

— J’espère que vous vous trompez, répondit Mathilde ; et ce vœu fut accompagné d’un triste regard qui vint pénétrer le cœur d’Albéric d’une joie inconnue. Dès lors son esprit retrouvant sa vivacité ordinaire, il soutint et changea la conversation à son gré, et prouva qu’il pouvait amuser sans médire. Mais madame de Méran qui ne l’avait jamais vu si charitable s’en étonna tout haut ; puis, s’interrompant tout à coup :

— Ah ! je comprends, dit-elle, c’est une suite du plan formé chez madame de Cérolle ; fort bien !

Puis se tournant vers Albéric, elle ajouta :

— Vraiment, avec un talent semblable, je ne conçois pas comment vous avez préféré la guerre à la diplomatie ; vous auriez fait merveille. Mais avant de vous applaudir, il faut voir comment vous soutiendrez l’entreprise ; je pourrais doubler votre gloire, en vous créant quelques obstacles de plus à vaincre ; mais tant que votre manége m’amusera, je le laisserai durer, et vous pouvez compter sur ma discrétion.