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Mathilde s’excusa en répondant qu’une affaire importante l’avait obligée à rester chez elle.

— J’en suis témoin, dit le colonel.

— Et peut-être complice, reprit madame de Méran ; mais je vous pardonne d’avoir préféré ce qui vous amusait davantage : moi, je n’en fais pas autrement ; au reste, je suis charmée de vous voir tous rassemblés, ajouta-t-elle en se tournant vers M. de Varèze ; vous allez m’expliquer les caquets dont j’ai été étourdie pendant tout l’opéra. Vous me paraissez les meilleurs amis du monde, et l’on vient de m’affirmer qu’Isidore et M. de Varèze se battaient demain matin ; que M. de Marigny avait provoqué l’affaire, et que tout cela remontait à cette petite sotte de Léontine : qu’en faut-il croire ?

— Rien, madame, répondit négligemment le comte de Varèze.

— Rien ! c’est trop peu, reprit la vicomtesse, il y a toujours quelque chose de vrai dans le faux qu’on débite.

— Le vrai, dit Isidore, c’est que M. de Marigny m’a flatté un moment de l’honneur de lui disputer Léontine en champ clos, et qu’il a changé d’avis en faveur d’un rival probablement plus heureux que moi.

— Et ce rival, quel est-il ?

— Je l’ignore ; on m’en a fait un secret, sans cela j’aurais été lui demander raison de la faveur qu’il m’enlève.