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pour les reconnaître ; sa présence lui était devenue nécessaire, sa conversation seule la captivait, car il parlait sans cesse d’Alfred ; et convaincue que son cœur, voué à d’éternels regrets, serait inaccessible à un autre amour, elle résolut de se consacrer tout entière au père de celui qui devait être son époux. Les représentations de sa famille, les plaisanteries des gens du monde, qui regardaient un mariage entre un vieillard et une jeune personne comme un prétexte choisi d’avance pour se livrer plus commodément à tous les plaisirs de la coquetterie ; les avis de sa mère elle-même ne parvinrent point à la détourner de la résolution d’épouser le duc de Lisieux.

Sa conduite avec lui, pendant les trois années qu’il survécut à son fils, loin de confirmer les conjectures de la malveillance, avaient suffi pour mériter à Mathilde l’estime générale, et personne ne douta de la sincérité des pleurs qu’elle donna à sa mort.

Cependant son âge faisait présumer qu’elle ferait un autre choix, et depuis un an qu’elle était revenue à la cour, après avoir passé dans la retraite le temps consacré au deuil de son mari et à celui de sa mère, on voyait près d’elle une foule de prétendants dont aucun n’avait obtenu jusqu’alors la moindre préférence.

Le maréchal de Lovano, que tant de raisons semblaient exclure de ce nombre, était le seul qui reçût des preuves d’une bienveillance marquée, et M. de Varèze, en plaisantant sur le goût de la duchesse de Li-