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Maurice ; et comment, ayant reconnu Philippe sur la route, Albéric avait fait arrêter sa voiture pour lui parler, et bientôt après avait deviné à son récit, que le gobelet de vermeil appartenait à madame de Lisieux. Mais après les premiers moments d’une joie qui la rendait à la vie, Mathilde voulut aussi savoir comment Albéric avait échappé à l’horrible fièvre qui l’avait mis en si grand danger.

— Ah ! j’en serais mort, dit M. de Varèze en montrant Maurice, que son arrivée m’aurait ressuscité. Mais je n’étais qu’à l’agonie lorsqu’il est venu ; j’avais juste assez de force pour entendre ce qu’il me dit de vous : je devais revivre. Pourtant, il faut l’avouer, si je lui dois ce bonheur, il me l’a fait cruellement acheter par la tyrannie de ces soins, et la défense qu’il m’avait imposée de ne point parler de vous, et de ne point vous écrire.

— Vraiment, il était bien en état de supporter la moindre émotion, la moindre fatigue, dit Maurice. Si vous l’aviez vu, la mort sur les traits et la joie dans les yeux, il vous aurait produit l’effet de l’apparition d’un spectre en démence. Il m’a fallu le gronder, l’enchaîner comme un enfant, pour l’empêcher de courir à Lausanne, où le maréchal m’avait écrit que vous deviez être. Et malgré tous mes efforts, dès qu’il a pu se lever, il m’a déclaré qu’il aimait mieux mourir de fatigue que d’impatience, et que si je refusais à l’accompagner il partirait seul.