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gobelet était à ces dames. Ce pauvre Philippe ! répétait-il d’un ton à fendre le cœur, il est peut-être mort ! Car, j’en suis certain, il ne l’a point vendu. Et en disant cela, il avait les larmes aux yeux.

— C’est lui ! s’écria Mathilde éperdue, c’est lui !…

Et s’élançant tout à coup hors de la chambre, elle descend à la hâte l’escalier, traverse la cour, arrive sur la grande route, en répétant comme une insensée :

— C’est lui ! courez après sa voiture… ramenez-le…

Mais en courant ainsi, ses forces l’abandonnent, elle tombe, et des cris se font entendre ; ils arrêtent une calèche prête à passer sur le corps de Mathilde : un homme se précipite en bas de sa voiture. Il prend Mathilde dans ses bras, et la porte vers la maison, d’où plusieurs personnes accouraient pour donner des soins à madame de Lisieux. On l’entoure, madame de Varignan, qui n’a pu la suivre que de loin, la croit grièvement blessée.

— Rassurez-vous, madame, dit un vieux soldat qui contemple Mathilde d’un air attendri, pendant qu’on lui prodigue tous les soins d’une vive inquiétude, et qu’une voix chérie l’appelle des plus doux noms ; j’étais devant les chevaux avant qu’ils aient pu l’atteindre. Cela ne sera rien. La frayeur l’a saisie ; mais la voilà qui revient à elle, ses yeux se raniment, elle pleure, elle sourit…

— Albéric ! s’écrie alors Mathilde.