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— Vous n’avez pas de chevaux ! répète le courrier d’un ton guoguenard, et qu’est-ce donc que je vois là dans l’écurie ?

— Ce sont les chevaux d’une voiture qui s’est rompue près d’ici, répond le maître de poste, et comme ils sont retenus depuis longtemps, je n’en puis pas disposer.

— Ah ! cela n’est pas certain, reprit l’autre, il y a peut-être moyen de s’arranger avec les voyageurs qui les ont retenus, s’ils ne sont pas aussi pressés que nous. Tâchez de faire en sorte que je puisse leur parler.

— Cela n’est pas possible, en ce moment ces dames sont à table.

— Ah ! ce sont des femmes, reprit le courrier. Eh bien ! tant mieux ! elles ne peuvent avoir d’affaires importantes, et quand je leur aurai parlé, elles permettront, j’en suis sûr, d’employer les chevaux dont elles ne peuvent se servir en ce moment, puisque leur voiture est encore chez le charron.

Tout en faisant ces conjectures le courrier pensait à mettre les postillons de son parti, en leur promettant triples guides s’ils parvenaient à convaincre leur maître du peu de tort qu’il ferait aux voyageuses en cédant leurs chevaux. Mais l’honnête maître de poste resta inébranlable dans son refus, et le courrier se vit contraint d’avoir recours à la ruse pour obtenir ce qu’il voulait. D’abord il demande à parler au courrier qui accompagne ces dames. Mais il était occupé à presser