Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/269

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

frappait. Parvenue à l’endroit où ses gens l’attendaient, elle ne remarqua pas davantage l’immobilité et le silence de mademoiselle Rosalie, qui, enveloppée dans son manteau et cachée sous son voile vert, restait comme blottie dans un coin de la voiture. « Elle dort », pensa Mathilde ; et dès-lors, se croyant à l’abri d’une observation gênante, elle donna un libre cours à ses larmes.

Elles étaient déjà loin de Lausanne, lorsque Mathilde s’aperçut que Rosalie pleurait aussi.

— Qu’avez-vous ? lui dit-elle avec cette touchante bonté que les plus vifs chagrins ne rendent pas moins soigneuse.

Mais pour toute réponse, elle se sentit presser la main affectueusement.

— Vous souffrez, ajouta-t-elle, voulez-vous que je fasse arrêter ?

— Non, dit une voix que Mathilde reconnut aussitôt, je ne souffre que de vous voir si affligée.

— Quoi, c’est vous ! s’écria Mathilde en se jetant dans les bras de madame de Varignan.

— Pardonnez-moi, répondit celle-ci, d’avoir bravé votre volonté, et déconcerté votre ruse généreuse, en prenant la place et le manteau de cette pauvre Rosalie, qui est là sur le siége avec votre valet de chambre. Il fallait vous forcer à supporter mes soins. Ne craignez pas que ce voyage ait aucun inconvénient pour moi ; j’en ai prévenu M. de Varignan par une lettre que mes gens