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ment où elle se trouvait ne permettait pas de croire qu’elle pût se mettre en route la nuit même, et feignant d’avoir besoin de repos après une crise si douloureuse, Mathilde engagea son amie à la quitter plus tôt que de coutume.

À peine fut-elle seule, qu’elle ordonna à ses gens de se cacher de ceux de madame de Varignan, pour faire atteler des chevaux à sa voiture. Mademoiselle Rosalie se hâta de tout préparer pour que sa maîtresse pût partir à minuit ; pendant ce temps, Mathilde écrivit un mot d’adieu, à madame de Varignan, et s’excusa du mystère qu’elle lui faisait de son départ par la crainte de tenter sa généreuse amitié, et d’en recevoir une preuve qui aurait pu causer de l’inquiétude à son mari ; puis elle ajouta : « Ne redoutez rien pour moi, il n’arrive jamais d’accidents fâcheux aux gens que l’excès de leur malheur y rendrait indifférents. »

Dans l’intention de faire le moindre bruit possible pour ne pas réveiller sa compagne, madame de Lisieux dit à mademoiselle Rosalie d’aller l’attendre dans sa voiture à la porte de la ville, se proposant de la rejoindre à pied avec son domestique.

Comme elle descendait l’escalier de l’auberge, elle rencontra la femme de chambre de madame de Varignan et lui remit le billet qu’elle destinait à sa maîtresse ; en le recevant la femme de chambre sourit d’un air fin, que ne remarqua point Mathilde ; elle était préoccupée de si tristes pensées que rien ne la