Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/265

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parvins à délivrer nos protégés ; mais ce ne fut pas sans recevoir une blessure assez grave qui me força à rester quelques jours dans un malheureux village où régnait une sorte de fièvre pernicieuse qui faisait de grands ravages. J’en fus atteint, et rapporté mourant au quartier-général ; on m’embarqua avec ceux de notre armée qu’on renvoyait en France pour hâter leur guérison. Je n’ai aucun souvenir de ce qui s’est passé pendant notre traversée : ma dernière idée en me sentant mourir avait été le regret d’expirer loin de mon pays, et je crus me sentir renaître en entendant nos matelots s’écrier : Voici les côtes de France.

» L’espoir de t’embrasser encore, de pouvoir te parler de celle pour qui j’ai abandonné mes amis, ma patrie ; de cette femme qui m’accuse peut-être quand je meurs en ne regrettant qu’elle ; enfin, je ne sais quelle espérance plus douce encore m’a ranimé un moment ; j’ai cru que le ciel me faisait grâce, qu’il m’accordait quelques jours de plus pour toi. Il me semblait que mon amitié devait les obtenir. Mais la fièvre a redoublé, je me sens plus oppressé qu’hier, et lorsque j’ai prié tout à l’heure le médecin qui me soigne de ne pas me tromper sur mon état, il m’a fait donner tout ce qu’il faut pour écrire, c’était me répondre. Je l’ai compris.

» Tu trouveras ci-joint la note des services que j’exige de ton amitié. Je ne crains pas de l’éprouver ; et c’est toi qui viendras me réclamer ici, pour me