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cet automne : pensez-vous qu’il nous tienne parole ?

— Je ne le crois pas, dit en soupirant Mathilde, il est bien loin d’ici !

Alors elle fut obligée de répondra aux différentes questions que le religieux lui adressa sur M. de Varèze ; et, malgré l’espèce d’embarras qu’elle éprouvait chaque fois que ce nom revenait, elle se complut à entendre parler d’Albéric si différemment qu’on n’en parlait d’ordinaire. En effet, le religieux ne se doutait pas que cet homme dont les manières avec lui avaient été si franches, si cordiales, dont le courageux dévouement s’était montré au niveau du sien, était la terreur des salons de Paris, et que sa générosité envers une pauvre femme ne suffisait pas pour expier ses fautes envers toutes celles qui brillaient dans un monde élégant.

En écoutant les éloges donnés aux nobles qualités d’Albéric, Mathilde se sentit pénétrée d’une douce joie. Cet hommage rendu par la vertu au caractère de celui qu’elle aimait lui sembla comme la sanction divine accordée à la passion qui soumettait son cœur ; et ce moment la rendit au sentiment le plus consolant, celui de s’honorer dans ce qu’on souffre.