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— Pardon, répondit le religieux, je n’ai pas entendu de qui madame parlait.

— Du comte de Varèze, répliqua Mathilde en rougissant ; mais vous recevez tant de voyageurs, que vous ne devez pas vous les rappeler.

— Oh ! les voyageurs comme celui-ci ne s’oublient jamais, madame ; et si nous pouvions avoir tant d’ingratitude, voilà un présent de lui qui nous en ferait ressouvenir.

En disant ces mots, le religieux montrait un tableau de l’un de nos grands maîtres, où l’on voyait représentée la délivrance d’une mère et de son enfant par les frères de l’hospice.

— M. de Varèze se trouvait ici, continua le religieux, vers le commencement du printemps de l’année dernière, au moment de la fonte des neiges. Les jeunes voyageurs ont souvent l’imprudence de choisir cette époque pour nous visiter ; mais ce qu’on appelle sur la terre les beaux jours de l’année, sont encore pour nous des jours d’hiver, et quelquefois les plus malheureux ; car c’est alors que les avalanches sont à craindre ; le comte de Varèze en sait quelque chose. Il nous a suivis dans une de nos expéditions nocturnes, et ce n’est pas sans danger qu’il nous a aidés à sauver cette pauvre femme que nos chiens avaient découverte ensevelie sous la neige : aussi lui ai-je bien défendu de s’aventurer dans nos montagnes avant le mois de juin. Mais il nous a promis de venir