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gnan à Genève. Au moment de dire adieu à son ami, une tristesse profonde s’empara d’elle, et ses larmes trahirent la pensée de la longue absence qu’elle méditait.

— Ne vous reverrai-je pas bientôt ? dit le maréchal ; et la reconnaissance des soins et du repos que vous trouvez dans ces montagnes vous rendront-ils ingrate pour vos amis de Paris ?

— Ah ! jamais pour vous, s’écria Mathilde ; mais si ma santé m’obligeait à fuir le monde, à vivre dans ces montagnes, vous viendriez m’y voir, n’est-ce pas ?

— Toutes les fois que vous le voudrez bien, reprit le maréchal en baisant la main de Mathilde ; jeune, j’aurais été trop heureux de vous consacrer ma vie ; jugez si vous pouvez disposer de ce qui m’en reste !

En disant ces mots, le maréchal s’était éloigné brusquement de madame de Lisieux pour surmonter l’émotion qui le dominait à la seule pensée de ne vivre que pour elle.

— Partons aussi, dit Mathilde en voyant s’éloigner la calèche du maréchal ; allons chercher l’oubli de tout ce que j’aime dans ces lieux dont l’aspect convient seul à une âme flétrie. Peut-être, au milieu de ces monts glacés, où la piété bienfaisante habite, trouverai-je la résignation dont mon cœur a besoin pour supporter une vie sans espérance.