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le courrier porte en écharpe, ce pauvre garçon est tombé de cheval en courant la nuit, il a failli se tuer ; et, malgré son courage à poursuivre sa route dès qu’il a pu remonter à cheval, il est arrivé trop tard.

— Trop tard !… reprit Mathilde.

Et se laissant retomber sur son siége, elle resta les yeux fixés sur le courrier pendant qu’il répondait aux questions que Maurice lui adressait.

— J’ai eu bien du malheur, disait ce pauvre Germain, car on ne faisait que de mettre à la voile lorsque je suis arrivé. M. le comte de Varèze était descendu la veille à l’hôtel *** avec une dame dont la femme de chambre est restée à Marseille, ne voulant pas s’embarquer, parce que la mer lui fait peur ; et c’est elle qui m’a dit que deux heures plus tôt…

— Elle t’a fait un conte, dit vivement Maurice.

— C’est la pure vérité, monsieur, reprit Germain, et vous pourrez vous en convaincre vous-même dans quelques jours, car cette femme de chambre revient à Paris pour y chercher une place, et je la verrai certainement.

— Sur quel bâtiment s’est-il embarqué ?

— Sur un bâtiment qui va rejoindre à Livourne celui qui doit porter des armes et des vivres en Morée.

— Et tu n’as pas eu l’idée d’aller jusqu’à Livourne ? Je suis certain que tu serais arrivé à temps pour remettre la lettre au comte de Varèze.

— Vous pensez bien, monsieur, que si cela avait été