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— Eh bien, on assure, dit Isidore, que madame de Cérolle a plus d’empire sur lui que n’en a jamais eu aucune des femmes qui l’ont aimé, ce qui ne l’empêche pas de lui être infidèle ; mais il prétend que C’est pour mieux constater sa préférence, et que la femme à laquelle on revient toujours est la seule vraiment aimée. Après ses excursions galantes, il se plaît à lui raconter son triomphe ou sa mésaventure ; elle en rit également, et le bonheur de se moquer ensemble des autres et d’eux-mêmes les console de tout. C’est un lien, une sorte de conjugalité infernale qui les enchaînera tant qu’il y aura des sots risibles et des femmes crédules. Enfin, la sœur de madame de Cérolle m’affirmait encore tout à l’heure, qu’en quittant tout pour suivre M. de Varèze, elle n’avait fait que répondre à son dévouement pour elle. Et l’on peut l’en croire, car sa sœur lui montre toutes les lettres d’Albéric.

— Donnez-moi votre bras, dit alors à voix basse le maréchal à Mathilde, et descendons chez vous ; vous êtes trop souffrante pour rester plus longtemps ici.

Et sans attendre sa réponse, il donnait à Mathilde sa fourrure, et l’entraînait dehors du salon en lui laissant à peine le temps de saluer la baronne.

En descendant l’escalier, le maréchal soutint Mathilde qu’un tremblement violent empêchait presque de marcher. Arrivée dans sa chambre à coucher elle veut le remercier de ses bons soins, mais sa voix expire sur ses lèvres décolorées, et le maréchal s’a-