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belle destinée, à renverser elles-mêmes l’édifice de leur bonheur. Il joignit les exemples aux préceptes, et s’apprêtait à en tirer des conséquences, lorsqu’il s’aperçut que Mathilde ne l’écoutait plus. Cherchant un moyen de ramener son attention, il mêla le nom de M. de Varèze à une phrase qui n’avait aucun rapport à lui ; et Mathilde, se laissant prendre au piége, s’écria presque malgré elle :

— Que savez-vous de lui ?

— Rien, répondit le maréchal en regardant Mathilde avec une sorte de pitié, rien, si ce n’est qu’il a écrit au roi pour le prier d’accepter la démission des charges qu’il exerce à la cour.

— Il est donc bien décidé à ne pas revenir en France de longtemps ? demanda madame d’Ostange, que le nom de M. de Varèze avait rendue attentive à écouter ce que disait le maréchal.

— Sans doute, il part pour la Grèce, dit le jeune d’Erneville, et je lui envie bien ce plaisir : il n’y a plus que là qu’on puisse se battre, courir au moins quelque danger. Vous verrez qu’il trouvera à s’y faire distinguer ; il est heureux, il aime la gloire, et je ne serais pas étonné qu’on recommençât une autre bataille de Navarin tout exprès pour lui en donner la fête.

— S’il ne trouve pas de gloire dans cette expédition, dit madame de Méran, du moins est-il sûr d’y trouver du plaisir, car vous savez le beau dévouement qu’il inspire.