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de blâmer la conduite. Quant au mécontentement du reste de sa famille, Mathilde pensait qu’elle pourrait facilement en éviter les effets en vivant loin de Paris, et cette considération l’arrêtait bien moins que la crainte d’affliger sa tante.

Cependant elle est aimée, la joie qu’elle en ressent lui prouve à quel point cet amour lui est cher, et elle n’hésite plus à laisser lire Albéric dans son âme. Elle va lui écrire tout ce que son cœur lui cachait avec tant de peine ; elle va lui ordonner de rester, pour se voir bientôt justifié des torts dont on l’accuse, par le bonheur qui les attend tous deux. Mais lorsqu’elle se livre avec délices au plaisir de rassurer celui qu’elle aime, on vient lui demander si elle consent à recevoir le colonel Andermont. Surprise de le voir venir de si bonne heure, elle pense qu’il a quelque chose d’important à lui apprendre, et elle dit de le laisser entrer.



XXVI


À peine a-t-elle jeté les yeux sur Maurice, que la plus vive inquiétude s’empare de son esprit.

— Que lui est-il arrivé ? s’écria-t-elle. Oh ! ciel !… je devine… il est parti !…

Et Mathilde retomba sur son siége, ne pouvant plus se soutenir.