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esprit. Tu reverras bientôt madame de Lisieux…

— La revoir ! jamais… Non… Pour qu’elle ignore tout le mépris qu’elle m’inspire, il faut que je ne la revoie de ma vie.

— Si : tu dois la revoir, et ce soir même. Oublies-tu que le bal de la princesse a lieu aujourd’hui, et que tu ne peux te dispenser d’y paraître sous le costume qu’on t’a imposé.

— Quoi ! tu veux que j’aille dans cette disposition d’esprit me mêler à leur mascarade ! Non, vraiment… Je vais écrire qu’un accident… une maladie… que sais-je ?… Enfin je n’irai pas…

— Tu ne peux t’en dispenser ; d’abord par égard pour la princesse, qui ne trouverait pas facilement à te faire remplacer : ensuite, parce que l’on ne manquerait pas de deviner le véritable motif qui t’éloignerait de la fête, et qu’il est fort inutile de donner cette petite joie à tes ennemis.

— Eh ! que m’importent leurs jugements et leurs méchancetés, maintenant que leur médisance ne peut plus me nuire auprès d’elle ?

— Mais la princesse t’accusera, et le duc de L… s’imaginera peut-être…

— Ah ! je voudrais bien qu’il s’imaginât m’inspirer quelque crainte, interrompit Albéric les yeux brillants de colère ; j’aurais grand plaisir à lui en faire perdre l’idée, et cette seule considération me détermine. Oui, j’irai à ce bal ; je m’amuserai de l’embarras que ma