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en enfer. Puis se tournant vers le marié, il avait vanté la haute naissance des comtes d’Erneville, qui exerçaient de père en fils les premiers emplois à la cour de nos rois ; et remontant jusqu’aux croisades, il s’étendit sur le zèle pieux de ses ancêtres, en finissant par conclure que le ciel réservait ses dons à ces nobles familles, dont les aïeux avaient combattu pour lui. Tout cela, parsemé de mauvais latin, et plutôt chanté que dit, fut écouté avec plus de sérieux qu’on ne devait s’y attendre ; car, à travers la faible éloquence de l’ecclésiastique, on avait deviné ses bonnes intentions, et l’on se borna à regretter que le talent et l’instruction fussent maintenant si rares parmi les successeurs des Fléchier et des Massillon.

Un peu avant la fin de la messe, le bedeau vint chercher la duchesse de Lisieux pour la conduire à la principale entrée de l’église, tandis que madame du Renel suivait le suisse de la paroisse vers la porte latérale, où elle devait, pour ainsi dire, surprendre les fidèles qui cherchaient à esquiver la quête.

Mathilde, à demi-voilée, était vêtue d’une robe de satin blanc, sur laquelle retombait une écharpe d’un bleu transparent. Ses beaux cheveux blonds, l’éclat de son teint, sa parure élégante et modeste, et plus encore son embarras en sollicitant la générosité des gens qui passaient, la rendaient plus que belle. Lorsqu’elle disait, en levant ses yeux si doux : « Pour les pauvres, s’il vous plaît », sa voix émue semblait celle d’un