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— Qu’a-t-il donc ? demanda-t-il à la duchesse en lui montrant M. de Varèze ; et d’où vient ce respect pour tant de caricatures ? Les trouverait-il indignes de sa moquerie ? ou bien la réserve-t-il pour nous ?

— Mais ce sont, je pense, des amis de la maison, dit Mathilde avec embarras, et il doit des égards…

— Excellente raison, ma foi, et qui aurait grand empire sur son esprit ! Non, dites plutôt qu’il n’épargne tant de victimes que pour en sacrifier une plus noble. Je le suis dans sa marche, ajouta le maréchal d’un ton plus sérieux, et je vois tous les détours qu’il prend pour arriver à son but, les obstacles qu’il crée pour se donner la gloire de les braver, les intérêts qu’il met en jeu, ceux qu’il décourage, les vanités qu’il rend complices de ses desseins ; enfin j’observe ses progrès ; j’en suis parfois effrayé… Et vous ?

Cette question mit le comble au supplice qu’éprouvait Mathilde en écoutant le maréchal. Elle s’efforça vainement d’y répondre par quelque plaisanterie, il y avait des larmes au fond de sa gaieté ; et lorsqu’en se levant de table elle prit le bras du maréchal, elle ne se sentit pas le courage de réclamer d’Albéric le dépôt qu’elle lui avait confié. Il la vit rentrer dans les salons sans même regarder s’il la suivait, et prendre ensuite le chemin du vestibule. Un moment après, il entend appeler les gens de la duchesse de Lisieux ; il veut la rejoindre, lui parler ; mais plusieurs personnes l’entourent, et le maréchal ne la quitte pas. C’est lui