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flatteur vers la duchesse de Lisieux ; car le comte Rodolphe n’a pas laissé ignorer qu’elle les avait choisis. Un seul bijou est critiqué par madame de Méran ; c’est la chaîne d’une petite montre de Bréguet, qui lui semble d’un travail surchargé et trop lourde polir le léger bijou qu’elle porte.

— Vous avez raison, dit Mathilde, elle est plus riche que jolie ; j’en avais choisi une autre, et je ne sais pourquoi on y a substitué celle-ci.

En ce moment, Albéric s’avance pour admirer de plus près la montre imperceptible ; il veut savoir si elle diffère de beaucoup de la sienne, et les approchant l’une de l’autre, il laisse voir la chaîne qui suspend sa montre à son cou. Mathilde ne peut retenir une exclamation, en reconnaissant cette chaîne pour celle qu’elle avait choisie. Mais détournant aussitôt les yeux, le soin qu’elle prend de ne pas paraître l’avoir vue, de n’en point être frappée, instruit Albéric de l’effet que sa chaîne a produit ; il la remet sur lui, sans avoir l’air d’avoir voulu la montrer.

Alors on entoure la duchesse de Lisieux. Les femmes veulent savoir où elle a fait faire les garnitures des manteaux de cour de la mariée ; d’où viennent les fleurs, les dentelles qui composent ces différentes parures. Les hommes font de mauvaises plaisanteries sur les chemisettes brodées et les objets intimes du trousseau ; ce qui fournit à Mathilde la réflexion simple qu’on pourrait bien se dispenser d’exposer aux regards