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n’y prend garde, elle ne sera plus fraîche dans six mois.

Albéric ne répondit rien ; il venait d’entendre annoncer la duchesse de Lisieux, et jamais Mathilde ne lui avait paru plus belle ; il la contemplait avec une sorte de recueillement religieux. Le contraste de sa mise élégante avec l’abattement de ses traits, de son charmant sourire avec la profonde mélancolie peinte en ses regards, répandait sur toute sa personne un charme inconnu. Elle était parée avec goût, gracieuse comme lorsqu’on veut plaire ; et pour comble d’attraits, on voyait qu’elle avait pleuré.

Mathilde était à peine assise à côté de madame d’Erneville, qu’Albéric avait déjà quitté la place qu’il occupait auprès de madame de Cérolle. Les médisances qui l’avaient amusé jusqu’à ce moment lui auraient paru insupportables en présence de celle qui faisait battre son cœur. Ce n’est pas une des moindres prérogatives de l’amour que de rendre la malice ennuyeuse.



XVII


L’arrivée de la duchesse de Lisieux est le signal de la solennité. M. Ribet vient lui offrir son bras pour la conduire dans le salon, où un jeune et fringant notaire l’attendait la plume à la main pour lui faire