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— Comment ! il plaît, arrangé comme cela ?

— À la fureur, vous dis-je, c’est à qui obtiendra une impertinence de sa part ; ces dames en sont folles malgré tout ce qu’elles ont à souffrir de sa grosse ironie. Il critique impitoyablement leur mise, plaisante sur leurs maris, nomme tout haut leurs amants, sans exciter un instant leur colère. Elles sont convenues de rire de tous ses épais bons mots, de ses histoires scandaleuses, lors même qu’elles s’y reconnaissent ; et, quand il a été méchant jusqu’à l’atrocité, et gai jusqu’à l’indécence, elles s’écrient : En vérité c’est tout l’esprit de M. de Varèze !

— Quelle étrange flatterie !

— Mais voici l’adorable baronne du Renel, continua Albéric, et il faut tout l’attrait qui m’enchaîne près de vous, pour m’empêcher de voler sur ses traces.

— Elle est donc bien séduisante, pour vous inspirer de tels transports ? Je lui trouve une assez belle taille, elle est bien mise, mais elle ne me semble ni jeune ni jolie.

— Et qu’importe ? reprit Albéric, on peut se passer de bien d’autres agréments, quand on possède le charme d’une conversation semblable à la sienne.

— Ah ! elle a de l’esprit ?

— Comme personne, vous dis-je, c’est bien moins l’abondance de ses idées que la nouveauté de ses expressions qui rend sa conversation si piquante ; elle ne dit rien comme une autre et si j’étais assez heu-