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les reproches qu’elle lui avait adressés dans la solitude étaient parvenus jusqu’à lui.

Madame de Méran, importunée de tous les motifs ridicules qu’elle entendait donner à l’absence de sa cousine dans un moment où personne n’était à la campagne, prit le parti de lui écrire les sottes conjectures auxquelles sa retraite donnait lieu, et elle la conjura de les faire cesser par un prompt retour. C’était, disait-on, un désespoir amoureux, un désir d’éprouver la constance de ses adorateurs, une affectation de pruderie, ou le dernier effort d’une vertu mourante. Tous ces caquets n’auraient pas déterminé Mathilde à revenir à Paris, mais madame de Méran ajoutait, qu’après avoir combattu avec indignation toutes ces suppositions malignes, madame de Voldec avait tout à coup rompu l’entretien pour lui demander si elle avait entendu parler depuis quelque temps de M. de Varèze.

— Je ne sais ce qu’il devient, avait-elle dit ; ne l’ayant pas vu depuis plusieurs jours, j’ai envoyé chez lui : on m’a fait dire qu’il était à la campagne.

Cette simple phrase, sans être accompagnée d’aucune réflexion, produisit tout l’effet qu’en attendait la vicomtesse, et dès le lendemain du jour où la lettre fut écrite, elle vit arriver sa cousine.

C’était le soir, plusieurs personnes étaient réunies chez madame de Méran ; la baronne d’Ostange y faisait son whist, et le marquis d’Erneville y causait gravement dans un coin du salon avec M. de Varèze. Ma-