Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En ce moment plusieurs personnes se rapprochèrent d’eux. La conversation devint générale ; elle tomba sur la duchesse de Lisieux, et sans qu’il fût venu à qui que ce soit l’idée de l’attaquer, madame de Voldec se mit à la défendre, comme si elle voyait clairement, dans l’inquiétude que la tristesse de Mathilde inspirait à ses amis, un désir de lui prêter quelque aventure secrète. Ensuite elle vanta sa vertu, sa beauté, d’une façon si exclusive, que ses éloges outrés devenaient autant de satires des autres femmes, et les animaient tout naturellement contre l’objet d’une admiration si offensante. Plusieurs d’entre elles, contenues par la présence de madame de Méran, essayèrent pourtant de compenser les éloges accordés à madame de Lisieux par quelques mots qui décelaient leur haine pour l’exagération et la flatterie. Pendant ce temps Albéric gardait le silence.

— Et vous, dit à voix basse madame de Méran en se tournant vers lui, que pensez-vous de ma cousine ?

— Moi, madame, je n’ai plus d’avis sur elle, répondit froidement M. de Varèze.

Et il sortit, en laissant madame de Méran convaincue qu’il n’avait plus que de l’indifférence pour Mathilde.

À peine Albéric eut-il quitté le salon de madame de Voldec, que la conversation y devint languissante ; il semblait que chacun de ceux qui s’y trouvaient n’avait été animé que par le désir de lui plaire ou la