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ce moment aucune démarche je voulais que la duchesse vous excusât auprès de son beau-frère, et je désirais la prévenir aussi que plusieurs partis avantageux se présentant pour mademoiselle Ribet, il était urgent de parler au plus tôt au comte Rodolphe d’Erneville.

— Quoi ! le vieux marquis a eu recours à vous pour arriver jusqu’à moi ? dit Albéric en riant. Il faut qu’il ait vivement ce mariage en tête ! Voilà de ces sacrifices que l’argent seul peut obtenir de ces âmes fières, et madame de Lisieux aurait cru s’abaisser en sollicitant mon faible crédit en cette circonstance. Eh bien, qui nous empêche de servir les projets de sa famille, sans lui donner la peine de nous en prier ! Ribet vient tous les jours s’informer de mes nouvelles, je vais dire qu’on le laisse entrer, et je lui ferai ce soir même agréer la proposition du marquis d’Erneville.

— Comment, sans plus de réflexions ! dit Maurice avec étonnement.

— Sans hésiter, vous dis-je, et il n’y a pas la moindre présomption de ma part à prédire le succès. Si l’amour ou l’intérêt même devait influer sur cette décision, vous ne m’en verriez pas si convaincu ; mais lorsqu’on traite avec la vanité, on ne craint jamais de se tromper ; je sais tout ce que ce mariage offre d’avantages illusoires à la gloriole du brave Ribet ; je sais qu’il est impossible d’acheter plus cher le plaisir de se rendre ridicule, et je sais encore mieux qu’il va