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mélancolie. On ne parvient dans l’île qu’à l’aide d’un pont que j’ai fait construire, et dont le milieu est fermé par une grille ; j’en ai seule la clef. C’est dans ce lieu, mon amie, que j’irai me livrer aux regrets qui déchirent mon âme ; c’est là que je conduirai mon Emma pour lui parler des vertus de son père ; et c’est encore là, qu’après avoir traîné une languissante vie, je viendrai chercher le repos éternel !

Adieu.



XVI


J’ai passé trois jours de suite dans mon appartement ; je n’en suis sortie que pour aller chaque matin m’informer des nouvelles de la santé de ma belle-mère, et lui dire tout ce qui pouvait lui faire excuser ma retraite absolue. Elle a trouvé fort simple que mon tableau et d’autres occupations me retinssent chez moi. Nous avons écrit ensemble à l’abbé de Cérignan, pour l’engager à venir passer quelques semaines au château. Elle tient beaucoup à ce qu’il soit chargé de tout ce qui regarde notre cérémonie religieuse ; le bon curé de Varannes sera peut-être offensé de cette préférence ; je lui en ai fait l’observation, mais elle n’a de confiance que dans l’abbé. C’est lui qui était le directeur du couvent des Ursu-