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ment de quoi les nourrir ; il est parti en disant qu’il ne pouvait rester dans un pays où il passait pour un misérable ; et je crois bien que c’est un prétexte dont il s’est servi pour fuir, et se soustraire aux poursuites : ce qu’il y a d’affreux, c’est que sa femme et ses enfants ne sont pas cause de sa friponnerie, et qu’ils n’en souffriront pas moins ; la mère se désole, et soutient toujours que son mari est un honnête homme ; ses enfants jettent de grands cris en demandant leur père, et c’est un spectacle à faire pitié.

— Je vous sais bon gré, lui dis-je, de m’instruire de leur malheur ; il n’est pas juste qu’ils soient victimes de l’action infâme de Philippe, et je vous charge de leur porter cette bourse demain de grand matin ; informez-vous de tous leurs besoins et promettez-leur mes secours.

Je me couchai après cette conversation, et l’idée du bonheur que j’allais procurer à cette famille infortunée, me fit passer une nuit plus calme qu’à l’ordinaire.

Ce matin je sonnai Lise de bonne heure pour savoir le résultat de sa visite ; elle m’apprit qu’en entrant chez la bonne Marie elle avait été bien surprise d’y rencontrer Frédéric, qui, ayant su comme moi la détresse où se trouvaient ces pauvres gens, était venu lui-même pour leur offrir toutes les consola-