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tourments. Madame de Varannes, instruite par un de ces gens de l’état dans lequel on l’a vue rentrer monte chez elle malgré sa défense, pénètre dans son appartement, l’accable de questions, d’expressions tendres, et n’obtient d’autre réponse qu’un léger serrement de main. Madame de Gercourt arrive ; Laure ne l’aperçoit point. Son enfant est couché sur son sein ; elle fixe sur lui des regards suppliants, et semble lui demander pardon de sa faiblesse. Elle voudrait oublier le coupable pour ne penser qu’au crime ; mais son cœur ne peut excuser l’un, ni cesser d’adorer l’autre ; les deux combats que ces deux sentiments élèvent dans son âme, altèrent toutes ses facultés. Que lui importe le reste du monde ; tout ce qui n’est point sa fille, son amant, semble n’être plus rien pour elle.

Dans cet instant. Lise apporte à sa maîtresse une lettre que le jardinier vient de trouver dans le parc. Le nom de Laure est dessus. Elle la prend, et lit, en respirant à peine, ce douloureux récit.




LETTRE DE JAMES À LAURE.


Laure, il fallait choisir entre l’horreur de tromper ton amour, et la douleur de te perdre ! J’ai dû préférer ton innocence à ma félicité. Hélas ! en aurais-je été digne, si je l’avais achetée aux prix d’une infâme