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LX


Depuis deux heures le soleil paraît… James est déjà loin de moi… il est parti sans que mes yeux lui aient dit un dernier adieu !… il va porter la joie au sein de sa famille, et le souvenir de Laure ne troublera point la sienne… Comment parviendrait-il jusqu’à lui ?… entouré des amis de son enfance, près d’un père qui le chérit… dans les bras d’une épouse !… Ira-t-il se rappeler une infortunée qui peut mourir pour lui, sans que la nouvelle de son malheur vienne jamais altérer le charme de sa félicité !… Je sens que cette idée augmente encore l’oppression de mon cœur… Adieu… je vais chercher à respirer sur le bord de la mer… je vais contempler cet océan terrible. Hélas ! bientôt lui seront confiés les jours de mon amant !… et, sans penser que livré à ses flots il s’éloigne de moi, j’invoquerai le ciel pour qu’il daigne en prolonger le calme.